- bougnoul
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• 1890; mot wolof « noir »♦ Fam. Péj. (injure raciste)1 ♦ Nom donné par les Blancs du Sénégal aux Noirs autochtones.2 ♦ (XXe) Maghrébin, arabe. ⇒ 2. bicot, 1. raton. « ces désespérés qui ont pris les armes pour n'être plus jamais les ratons et les bougnoules de personne » (F. Mauriac).⇒BOUGNOUL, OULE, subst. masc.Arg., péj.A.— Nègre ou métis :• 1. Il n'osait pas entrer le sauvage. Un des commis indigène l'invitait pourtant : « Viens bougnoule! Viens voir ici! Nous y a pas bouffer sauvage! » (...) Ce noir n'avait encore, semblait-il, jamais vu de boutique, ni de blancs peut-être.CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 172.• 2. ... le grand vice des nanas, c'est de se maquer avec les bougnouls...A. SIMONIN, Le Petit Simonin illustré, 1957, p. 56.B.— P. ext. [Dans le lang. des Européens] Nord-Africain indigène :• 3. Si (...) la droite française manœuvrée par le fascisme algérien, ne barrait pas la route au leader M.R.P. (M. Pflimlin), il mesurerait ce qu'a d'irréductible la résolution de ces « désespérés » qui ont pris les armes pour n'être plus jamais les ratons et les bougnoules de personne.MAURIAC, Le Nouveau Bloc-notes, 1961, p. 54.Rem. Attesté dans Lar. encyclop. Suppl. 1968 et ROB. Suppl. 1970.PRONONC. ET ORTH. :[
]. Lar. encyclop. Suppl. 1968 écrit bougnoule. ROB. Suppl. 1970 admet bougnoul, bougnoule ou bounioul.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1890 fam. et péj. « individu corvéable » (Jargon de la mar. et de l'infanterie coloniale d'apr. ESN. Poilu); 1911 train bougnoul, expression relevée à Brest pour désigner un train servant surtout aux paysans, aux « indigènes » du département (ibid.); 1932 « nègre », supra ex. 1.Empr. à la lang. ouolof (Sénégal) bou-gnoul « noir » désignant le Noir, le négrillon, déjà terme d'injure pour désigner l'indigène frotté de français; v. Ch. Monteil dans ESN. Poilu.STAT. — Fréq. abs. littér. :1.DÉR. Bougnouliser, verbe. ,,Faire souche avec une noire`` (ESN. 1966). ,,— Papa s'est remarié à Madagascar avec une dame noire (...) il fait des enfants à grosses lèvres, en surveillant je ne sais quelle exploitation de raphia (bougnoulisé, le papa, si je comprends bien)`` (H. BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, p. 172). Emploi pronom. Se bougnouliser. Prendre des mœurs sénégalaises (ESN. 1966). — 1re attest. 1935 (A. SIMONIN, J. BAZIN, Voilà taxi! p. 213); dér. de bougnoul, suff. -iser.ÉTYM. 1890, in Esnault, « celui qui fait les corvées », argot; wolof gnoul « noir », et particule bu-, qui s'applique aux choses.❖♦ Terme injurieux et raciste.1 (1932). Fam., vieilli. Nom donné par les Blancs du Sénégal aux Noirs autochtones.1 Les bouniouls distingués que je coudoie, sur les trottoirs, en boubous majestueux et opulents (…)J.-R. Bloch, Cacaouettes et Bananes, p. 64.2 (…) la résolution de ces « désespérés » qui ont pris les armes pour n'être plus jamais les ratons et les bougnoules de personne.F. Mauriac, le Nouveau Bloc-notes, 1958-1960, p. 54.♦ Par ext. Étranger, paria.♦ Adj. (rare) :3 Je voyais bien ce qu'ils pensaient, ils me le disaient d'ailleurs, les plus culottés, qu'une femme bougnoule ça se remplace comme un chapeau.Jean Hougron, la Gueule pleine de dents, p. 18.❖DÉR. Bougnoulisation.
Encyclopédie Universelle. 2012.